Industrie 4.0 : des proofs of concept dédiés à la maintenance prédictive
Publié le 22 juillet 2022Prévenir une panne avant même qu’elle ne se produise, c’est le pari que fait l’industrie 4.0. Cette performance est aujourd’hui rendue possible grâce aux nouvelles technologies, en associant objets connectés et intelligence artificielle.
Selon un rapport publié par Credence Research1, le marché mondial de la maintenance prédictive, évalué à 2,9 milliards de dollars en 2018, devrait se développer avec un taux de croissance annuel moyen de 28,5 % jusqu’en 2027. Anticiper les dysfonctionnements permet en effet de réduire le temps et les coûts de maintenance. À la clé : l’augmentation de la productivité de l’entreprise et de la satisfaction client. Afin de se positionner sur ce créneau innovant, SPIE a mis en œuvre plusieurs proofs of concept (POC) pour tester le procédé en grandeur nature, en démontrer la faisabilité et l’optimiser de façon agile et accélérée. Une démarche qui nécessite de travailler en étroite collaboration avec ses clients.
1. https://www.credenceresearch.com/report/predictive-maintenance-market.
24h dans la vie d'un technicien de maintenance
La maintenance prédictive prend son envol chez Airbus
À Bouguenais (Pays de la Loire), la chaîne d’assemblage des A320 d’Airbus fait 150 m de long, compte 18 postes de travail et 50 opérateurs de production en simultané
Autant dire que toute panne impromptue enraye sensiblement le dispositif. SPIE a ainsi proposé à Airbus la mise en œuvre d’un POC afin de passer d’une maintenance curative et préventive à une maintenance prédictive. L’objectif? « Apporter de la valeur ajoutée technique et financière au client en améliorant la disponibilité de l’outil de production », explique Florian Dubillot, chef de service maintenance industrielle, SPIE Industrie & Tertiaire, division Industrie. La maintenance prédictive permet de ne plus subir les pannes aléatoires, d’optimiser le plan de maintenance et d’intervenir moins souvent et moins longtemps.
« Le POC, mis en place fin 2018 en partenariat avec Microsoft, permet de mettre en lien des données froides (documentation tech-nique, ERP2, GMAO3), des données chaudes issues des automates (vitesse de fonctionnement, positionnement d’une pièce…) et des données issues de capteurs connectés (vibration, température…) », explique Aymeric Grasland, responsable méthodes maintenance. Les datas ont ensuite été analysées par différents modèles d’algorithmes. À la fin de la journée, un chiffre, le RUL4, permet de déterminer si la machine est en bon état de marche ou si elle nécessite un contrôle par les équipes de production d’Airbus ou une intervention rapide des techniciens SPIE.
Deux mois plus tard, le POC a fait ses preuves, même si des améliorations restent à apporter, notamment en matière de cybersécurité et d’infrastructure IT. Celles-ci seront l’objet du prochain POV (proof of value) : « Le travail en collaboration avec SPIE ICS nous permettra d’optimiser le recueil, le stockage et le traitement des données grâce à une plateforme numérique », assure Aymeric Grasland.
2. Enterprise resource planning : logiciel qui permet de gérer l’ensemble des processus mis en œuvre.
3. Gestion de maintenance assistée par ordinateur.
4. Remaining useful life : durée de vie restante.
SPIE transforme l’essai chez Daher à Tarbes
SPIE est en charge du contrat de maintenance de l’ensemble des moyens de production de l’usine Daher à Tarbes (Occitanie) depuis 2005.
Dans le cadre du renouvellement du contrat en mars 2019, SPIE a proposé la mise en place d’un POC maintenance prédictive. « L’appui des équipes de Nantes et l’expérience chez Airbus ont vraiment donné du crédit à notre présentation par rapport à notre principal concurrent. Cette opportunité répondait à l’attente de Daher, challengé par ses clients, qui entend montrer son esprit innovant et son évolution vers l’industrie 4.0 », témoigne Vincent Colnot, directeur opérationnel, SPIE Industrie & Tertiaire, division Industrie.
Le POC – opérationnel fin septembre – prévoit cette fois la centralisation et l’analyse des données sur un serveur fourni par SPIE ICS. « Le principal défi est de trouver une façon sécurisée d’extraire les datas et de créer des passerelles entre les deux interfaces SPIE et Daher », explique Frédéric Balagna, chef de site maintenance.
Plus largement, les synergies créées par ce POC permettront de faire évoluer ensemble outils logiciels et experts métiers, notamment en intégrant les compétences de data officers, data scientists ou ingénieurs cybersécurité. Mais la clé de voûte restera toujours la même : la confiance du client. Selon Vincent Colnot, « au-delà du POC, nous avons réfléchi ensemble, c’est-à-dire en co-construction avec Daher, la division Industrie de SPIE Industrie & Tertiaire et SPIE ICS, à l’organisation de l’industrie du futur. Nous avons pris l’habitude de travailler de manière rapprochée et partageons la même culture du progrès ».